mercredi 11 juillet 2012

LE VOYAGE À NANTES CÈDE À LA PRESSION, LES ROMS SUR LE DÉPART

source : http://www.lecanardsocial.com/ArticleFil.aspx?i=920
 
Retour à la case départ. Un an après avoir accepté le principe d’une médiation judiciaire avec les Roms du Pendule à Rezé (44), Le Voyage à Nantes a mis un terme, de sa propre initiative, au processus de négociation. Raison officielle: le non-respect des engagements pris par les familles. D'après plusieurs sources, Le Voyage à Nantes aurait surtout cédé aux pressions du maire de Rezé et du propriétaire du terrain, le Port maritime.



Sur le terrain du Pendule en mai dernier. Les familles roms avaient nettoyé le site et enlevé les voitures en prévision du début de la manifestation du Voyage à Nantes (photo archives LCS)..
Que s'est-il passé? De l'avis des militants de l'association Ame Sam, Le Voyage à Nantes était un partenaire qui avait su instaurer un dialogue avec les Roms. Vendredi 6 juillet, la négociation s’est effondrée contre toute attente : alors qu’un sursis, au moins jusqu’à la fin de l’été, avait été annoncé pour les familles, la structure touristico-culturelle a mis un terme à la médiation judiciaire. Elle s'en explique, par écrit, auprès du Canard Social: « À la fin du mois de juin, Le Voyage à Nantes a été alerté par des riverains et le propriétaire du terrain sur le non-respect des engagements pris dans le cadre de la médiation. »

« Un prétexte »
Le Voyage à Nantes n'en dit pas plus sur les entorses à la règle qu'il a constatées. Selon plusieurs sources, c'est la présence d'une voiture qui a précipité la fin des négociations. « Le contrat, c'était zéro voiture pendant zéro minute sur le site. Or, la semaine dernière, une BMW y est entrée et a été prise en photo, souligne Jacques Vève, qui a participé à la médiation au titre d'Ame Sam. Les familles ont nié maladroitement et ont dû finalement en convenir. »

Le Voyage à Nantes évoque par ailleurs, et sans précision, « l’incompatibilité de l’attitude des occupants du site du Pendule avec la poursuite de cette occupation ». Faut-il y voir une conséquence des plaintes de certains riverains qui dénoncent depuis le mois de mai les comportements supposés des Roms sur la commune? Peut-être.

Mais sur le terrain, hormis l’épisode de la voiture, le contrat avec Le Voyage à Nantes semblait respecté. Et la cohabitation avec les touristes se déroulait sans anicroche. « Il y a un point sur lequel la médiation est réussie, c’est sur l’accessibilité du site », fait remarquer Émile Robert, élue d’À gauche toute, dans l’opposition rezéenne et qui a soutenu les Roms. « À part ce problème avec la voiture, ça se passait bien, poursuit Jacques Vève. Cette entorse ponctuelle au contrat méritait une observation du Voyage à Nantes qui avait un bon contact avec les familles, pour leur rappeler le respect des règles. »

L’avocate des familles, Sylvie Bourjon, considère que « les familles ont eu une vraie volonté de respecter leurs engagements. Elles ont trouvé injuste d'être sanctionnées pour une voiture qui s'est arrêtée une fois pendant une heure. » Pour Jacques Vève, « cette histoire de voiture n’est qu’un prétexte pour mettre un terme à la négociation ».

Des pressions

Alors que s’est-il vraiment passé ? Pourquoi Le Voyage à Nantes, qui, de l’avis de tous les observateurs, a su, pendant trois mois et six réunions collectives, mettre en place une véritable contractualisation avec les familles, a-t-il changé brusquement de position ? D’après une source proche du dossier, il a avant tout agi sous la pression : « Le Voyage à Nantes n'avait pas envie d'expulser les Roms. Il a subi des pressions très fortes du propriétaire du terrain (Le Grand Port Maritime, NDLR) et du maire de Rezé. » Ce que confirme l’élu Émile Robert : « Le Voyage à Nantes était cerné par tout le monde. Rezé est intervenu auprès du Port qui a fini par reprocher au Voyage à Nantes de ne pas gérer le terrain comme il fallait. »

Le Port rallié à la mairie

Selon nos informations, une rencontre a eu lieu fin juin entre la mairie de Rezé et le Port. Ce dernier a confirmé son accord pour engager une procédure conjointe d’expulsion avec la Ville. Lors du dernier conseil municipal du 29 juin, Gilles Retière signalait ainsi qu’une procédure d’expulsion était en cours, sans préciser de qui elle émanait.

Déjà, au mois de mai, dans un courrier que révélait Le Canard Social, Gilles Retière avait fait pression auprès de la structure et demandait « que sa position soit respectée ». Le tout récent président de Nantes Métropole aura maintenu cette posture jusqu'au bout, tout en cherchant à rallier à sa cause le Grand Port Maritime.

Très discret depuis l'installation des Roms il y a un an, le Port -qui n’a pu être joint- aurait donc pris le parti de l’expulsion, à la demande de la mairie. Ce qui n’est pas sans étonner certains acteurs et notamment l’avocate Sylvie Bourjon : « C’est un adversaire qui était par le passé plutôt conciliant, on peut s'interroger sur ce changement de politique. »

Départ avant le 30 juillet

Avec la fin de la médiation judiciaire, la demande d'expulsion initiale, formulée il y a un an par Le Voyage à Nantes, revient sur le bureau du juge des référés. « Un constat d’échec » que déplore Le Voyage à Nantes : « La procédure de médiation n’a malheureusement pas permis d’aboutir à une solution pérenne pour permettre d’accueillir les familles concernées. » Pour autant, après discussion avec Le Voyage à Nantes et leur avocate, les familles se sont engagées à quitter les lieux avant le 30 juillet. L’expulsion devrait donc être évitée.

La fin de la médiation n'en laisse pas moins un goût amer aux militants d'Ame Sam qui accusent la mairie de Rezé d’avoir « bloqué toute solution ». « Quelque chose se construit et on expulse, dénonce Jacques Vève. C'est absurde. » D'autant plus absurde, selon les observateurs, que ces familles présentes depuis quatre à six ans à Rezé le disent, elles ne souhaitent pas quitter la commune, sur laquelle sont scolarisés leurs enfants.

Fanny Bordeianu, médiatrice sanitaire à Médecins du Monde, craint, elle, les conséquences de ce départ sur la santé des familles. « Je suis extrêmement inquiète pour certaines personnes qui connaissent de graves problèmes. Une famille en particulier attend une opération chirurgicale pour un de ses enfants : déjà que sur le terrain, les conditions ne sont pas bonnes alors qu’est-ce que ça va être ailleurs ? »

David Prochasson

2 commentaires:

  1. Enfin qu'ils se barrent, ils apportent que des emmerdes au village de Trentemoult!

    RépondreSupprimer
  2. toujours la grande classe les message anonymes, d'autant que c'est complétement faux.

    jean-baptiste laudren (de trentemoult)

    RépondreSupprimer